Extrait d'un journal intime daté du 25 décembre, dans les années 80.
Journal trouvé par hasard après le décès de sa rédactrice.
- Je constate que cette année serait la pire de ma vie, pourtant il y a plus de dix ans je perdais un fils et deux ans plus tard j'en perdais un autre.Cette année a été celle d'une santé en déclin, ma maladie, les traitements, la perte de mon travail, les rayons, l'opération, la peur de perdre la vie, de perdre mes fils...
J'envisageais un peu de joie suite aux derniers mots du Professeur Schwartzenberg : Madame, vous êtes guérie du Cancer, nous avons réussi. Vous avez gagné.Schwartzenberg, il utilise toujours les mots tels qu'ils sont.Je pensais que le dernier trimestre serait celui de moments heureux avec mes fils, un peu de bonheur dans cette année pleine de chagrins et de malheurs.En sortant de l'hôpital je découvre ce qu'est le quotidien de ma famille pendant que j'étais "coincée" là bas."Monsieur" a perdu son emploi, s'occuper des garçons, les visites à l'hopital, les visites chez les médecins.A la veille de Noël le constat est difficile, l'électricité coupée, plus de frigo, ça amuse les enfants de vivre à la bougie, mais comment cuisiner, comment se chauffer.En rentrant un soir on a découvert la porte fracturée, un cambriolage ? Non, car les meubles ne sont plus là, mais la vaisselle est posé en pile sur le sol, pas de casse. La salle à manger est vide. Sur ordre d'un Huissier, les déménageurs ont emporté tout ce que la loi doit leur permettre. Il reste la table de la cuisine et les tabourets.
Ce Noël, un repas de fête dans de belles assiettes de famille. Une boîte de raviolis en conserve réchauffée sur un réchaud à gaz. Ni sapin, ni déco, ni cadeaux.Retenir ses larmes durant tout le repas, voir les enfants avec le sourire, comment font ils ?
Sortir de l'immeuble le 25 au matin. Découvrir une montagne de cartons, de papiers d'emballage, avoir le coeur serré, n'avoir rien pu acheter pour les garçons.
- Maman pourquoi tu pleures ?- Vous savez... Vous avez été gentils c'est pas pour ça qu'on a pas eu de cadeaux cette année...- Mais Maman... On l'a eu notre cadeau, on avait demandé que tu sortes de l'hôpital. Pour le père Noël on a compris. Des fois vous pouvez des fois vous pouvez pas.
Comme un barrage qui rompt d'un coup... Les larmes... S'effondrer dans la neige...
Je me suis réveillée dans ma chambre, encore une perte de connaissance que les médecins n'expliquent pas.J'ai pris mon journal et j'ai écrit une nouvelle fois et pendant ce temps, le grand montre au petit comment fabriquer un télephone avec des trucs récupérés, je ne sais même pas où il a appris ça...Je m'en veux... Je m'en veux tellement de les faire grandir si vite...Me pardonneront ils un jour ?
”
On peut ne pas aimer les fêtes de fin d'année. Pour certains ce sont de mauvais souvenirs. Mais ce n'est pas une raison pour "détester" Noël. Pas une raison pour gâcher la joie et l'ambiance de fête des autres.
Noël n'est pas joyeux pour tous, pour des tas de raisons possibles.
Le réveillon n'a pas forcément été celui qu'on vous raconte. Les enfants n'ont pas toujours reçu les jouets qu'ils ont imaginé et qu'ils s'inventent pour quand même discuter dans la cour de récréation.
Même si cette semaine 52 dans l'année vous remémore de mauvais souvenirs, efforcez vous d'essayer d'en faire un moment de joie avec ceux que vous pouvez.
J'ai des fils et c'est uniquement pour eux que je vis cette soirée différemment de ce que je vivais avant.